Le IIIème Reich et le monde

de Charles Bloch

Fiche rédigée fin 2002 pour la liste des joueurs de Diplomacy et copiée ici tout juste reformatée ; une partie du vocabulaire du jeu a percolé à travers mon commentaire (F pour France, "draw" pour partie nulle, négociations, etc...)
 

Début - 1933 - 1933-36 - 1936 - 1936 (suite) - 1937

[DIPLOMACY] [EOG] Le IIIè Reich et le monde (fiche de lecture) - partie 1
De : Christophe
À : diplomacy@frog.born2play.org
Date : Sun, 1 Dec 2002 14:34:59 +0100
 
Salut à tous,
 
 Je viens de lire un bouquin un peu aride mais excellent, et je me suis dit que ça intéresserait la liste. Il s'agit ni plus ni moins que des EOGs allemands pour la partie "Seconde Guerre Mondiale", qui s'est déroulée récemment sur le juge Monde Réel. Vous en avez sûrement entendu parler. Autant en partager le résumé, même si c'est une variante de la carte standard.
 Il y a des trucs à apprendre pour un diplomate, notamment "comment diviser ses ennemis" et "comment tout perdre alors qu'on domine le monde".
 
Titre : Le III&eagrave; Reich et le Monde

Sujet : les relations extérieures du régime hitlérien, 1933-1945
Auteurxi : Charles Bloch
Éditeur : Imprimerie Nationale
Date : 1986 (j'ai peur qu'il soit épuisé...)

 Ce mail ne décrit que la première partie, les débats de début de partie. La suite viendra plus tard.
 



 
 L'auteur commence par quelques rappels et théories :
  - il existe deux formes d'impérialismes :
  - l'"archaïque" (je conquiers, annexe, éventuellement j'ethnie-purifie, et exploite ),
  - et le "moderne" (conquête parfois pacifique, pas forcément annexion, domination plus ou moins forte par voie de protectorat, ou de domination économique), très à la mode vers 1914.
  Les Etats de 1914 étaient plutôt impériaux-modernes, et Hitler a marqué un retour massif à l'"archaïque".
 
 - Après la première partie et le draw F/E/USA, l'Allemagne a très mal vécu :
  - la perte de nombreux territoires, (cf http://perso.club-internet.fr/nounouss/Grammaire/histoire/carte1919.html) dont l'Alsace-Lorraine, Eupen-Malmédy (compensation donnée à la Belgique), une partie au Danemark, et surtout une grosse partie à la Pologne (la Prusse est alors coupée en 2).
  Hors, pas de bol, la caste des grands miliatires propriétaires terriens prussiens régnant sur de grands domaines habités par des Polonais est restée influente dans la nouvelle république de Weimar.
  [Pourtant, ça fait pas beaucoup de centres...]
  - la perte de ses quelques colonies
  - la légende du "coup de poignard dans le dos" : l'Allemagne a capitulé en 1918 alors que son territoire n'était même pas envahi (révolution à Berlin et fuite du Kaiser)
  - le fait que le traité de paix de Versailles est un "diktat", non une négociation,
  - les réparations de guerre, très lourdes (avec occupation de la Ruhr par la France en prime)
  - la limitation drastique de la taille de l'armée allemande
  - les crises économiques (l'hyper-inflation du début des années 20, puis la crise de 29 qui s'est directement répercutée dans l'Allemagne très liée aux USA).
 
 - La tendance et le consensus en Allemagne est donc à forcer la révision du traité de Versailles, pour récupérer principalement les territoires cédés à la Pologne, des colonies, et éventuellement (selon les responsables) aussi l'Alsace-Lorraine, Eupen-Malmédy, la prééminence économique en Europe Centrale, l'unification avec l'Autriche.
 Beaucoup de diplomates allemands préfèrent la voie pacifique dans le cadre de la SDN, mais beaucoup ne voient pas d'obstacles à faire une nouvelle guerre au besoin. Le problème est plus de séparer la France (ennemi numéro 1 avec la Pologne) de ses nombreux alliés, notamment l'Angleterre.
 
 - Juste avant le début de la partie, les négociations avaient déjà commencé :
  - la Société des NAtions tente de maintenir la paix dans toute l'Europe selon le principe de la sécurité collective
  - l'Angleterre, selon sa traditionnelle politique de l'équilibre des puissances continentales, voit d'un mauvais oeil la puissance française,
  - la France est considérée comme la puissance continentale principale, avec des alliances dans bien des pays de l'est, mais après 14-18 la tendance est au pacifisme à tout prix ; cependant sa volonté de ne pas laisser l'Allemagne reprendre du poil de la bête, et de lui faire payer les réparations, plus l'influence des régimes fascistes un peu partout, amène à son isolement.
  - l'Italie de Mussolini est un régime fasciste assez stable qui rêve de conquêtes et a des vues notamment sur l'Autriche
  - la Pologne fraîchement indépendante est en froid à la fois avec l'Allemagne, la Russie (ses voisins), et la France (francophobie du Mal Pilsudski).
  - la Russie bolchevique de Staline fait peur à toute l'Europe (Angleterre comprise) et est isolée. A première vue paradoxalement, des accords militaires la lie à l'autre paria, l'Allemagne de la République de Weimar, qui a besoin de camps bien planqués pour entraîner ses troupes (au mépris du traité de Versailles).
 Militairement, l'URSS de 1933 est considérée comme quantité négligeable, le paranoïaque Staline ayant eu la riche idée de liquider quasiment tous ses officiers supérieurs.
  - Une déclaration commune de 1932, grand succès de la république de Weimar, donne un bon coup de couteau dans le traité de Versailles en clôturant la question des réparations et en accordant à l'Allemange l'égalité militaire avec ses voisins à long terme. Ce succès a favorisé le nazisme.
 
 - Rappelons qu'Hitler est un peintre raté, viennois (donc autrichien), ancien caporal de l'armée allemande, assez chanceux et héroïque durant la première partie (en plein dans le Grand Stand-Off de Bourgogne/Belgique). Ecoeuré par la chute du Reich en 1918, pour qui c'est la faute des Juifs, il tente un coup d'Etat à Munich en 1923 ce qui lui vaudra une villégiature en forteresse payée par le contribuable, durant laquelle il formalisera ses buts de guerre. Il est dommage que l'on n'ait pas lu et compris _Mein Kampf_ plus tôt dans les capitales voisines.
 
 Pour Hitler, l'Allemagne doit non seulement obtenir la révision du traité de Versailles et retrouver ses frontières de 1914 (sur la Pologne, la France, la Belgique, le Danemark), ses colonies africaines, mais aussi réarmer massivement, s'étendre dans un "espace vital" vers l'est (que pourtant les Allemands auraient du mal à coloniser réellement !), repousser les Russes au-delà de l'Oural et étendre sa domination économique sur toute l'Europe.
 - La France est l'ennemi héréditaire à abattre, en pleine décadence sous influence judéo-bolchevique, et qu'il faut détacher de ses alliés pour la ravaler au rang de satellite.
 - L'Angleterre est une nation germanique, un grand Empire qui domine les mers ; Hitler a toujours eu beaucoup d'estime pour les Anglais, et veut partager le monde avec eux ; il perdra beaucoup d'énergie à vouloir obtenir leur alliance. Il considère que la haine anglaise du bolchevisme et leur opposition fréquente à la France, ainsi que leur rivalité croissante sur les mers avec les Américains, les pousse à une alliance avec l'Allemagne.
 - L'Italie est devenue une nation forte et guerrière par le fascisme, qui mérite d'être le bras droit du Reich en Méditerranée.
 - Les Etats-Unis ne lui font pas peur au début, car "enjuivé" et "négroïsé". Il changera complètement d'avis plus tard. C'est une rivale à part entière de l'Europe, qu'il faut tenir éloignée par tous les moyens.
 - En Asie, au début, Hitler ne favorise pas particulièrement le Japon ; les intérêts commerciaux allemands seraient plutôt avec la Chine. De plus, le Japon menace les intérêts britanniques ; ce n'est que plus tard qu'il deviendra un allié potentiel face aux USA et à la Russie.
 - La Pologne (du moins ce qu'il en restera) doit être un satellite ou une victime selon les circonstances
 
 La vision idéale du monde d'Hitler, à base raciale, le découpe en 4 blocs : Europe (et colonies africaines) sous coupe allemande, Empire britannique allié au Reich, Amériques sous domination des USA, Asie. Hitler prévoyait au loin, après sa mort, un grand affrontement avec les USA pour la domination définitive de la planète.
 
 Accessoirement, les Juifs doivent être isolés ou éliminés.
 
 La guerre qu'Hitler compte déclencher doit pour lui se dérouler plus tard qu'elle n'a eu lieu. L'Allemagne en fait n'a pas eu assez de temps pour se préparer complètement [on peut se demander ce qu'une guerre repoussée de 2-3 ans aurait donnée, avec F et E ressoudés et massivement réarmés aussi].
 Le plan idéal pour cette guerre prévoit en gros de faire de l'Angleterre un allié ou un neutre bienveillant, de foudroyer la France, et de se retourner à l'est pour son grand projet de conquête du Lebensraum.
 
 ( Tout cela rappelle furieusement les projets qu'un diplomate peut se faire en début de partie : 'je vais aller par là, obtenir l'alliance d'untel en lui montrant que son intérêt est là ; à nous deux on vaincra bien deuxtel, et ensuite je stabbe pour le solo'.
 Et bien sûr, ça finit rarement comme ça, même si Hitler a pu pousser la chose assez loin. )
 
 - En 1933, Hitler devient chancelier et est encore loin de tout cela. Ses premières années se limiteront à consolider son régime, réarmer, et à poursuivre la politique allemande précédente consistant à réclamer sans cesse la révision du traité de Versailles en tentant d'isoler la France.
 
 1933 :

 
Les négociations de début de partie se déroulent comme suit :
 
  - La plus grande partie de l'Europe n'apprécie pas. Dictature, antisémitismes, violence, font oublier toutes les sympathies que l'Allemagne de Weimar avait pu accumuler, y compris dans les petites démocraties.
  - Hitler réussit cependant à se faire passer pour un modéré sous l'influence d'"extrémistes" (Göring...), alors qu'il est le "visionnaire" inflexible au milieu de moins radicaux ou moins fous.
  - Hitler ne quitte pas tout de suite la Société des Nations, car elle tient des négociations sur le désarmement, et donc réduit le retard militaire allemand.
  - Hitler obtient vite un grand succès avec un concordat avec le Vatican (par anticommunisme de celui-ci, malgré le racisme nazi). Ce qui tout d'un coup lève une partie des objections 'morales' à son encontre.
  - Le risque d'une guerre préventive de la part de la Pologne (principale cible des revendications allemandes) n'est pas négligeable. Il semble que le maréchal Pilsudski ait joué double jeu, en envisageant une guerre (allié à la France, qui n'aurait sans doute pas suivie car les Anglais auraient vu ça d'un sale oeil), mais sa francophobie (attisée par le rapprochement franco-russe) a pris le dessus.
  De plus, Pilsudski pense plus facilement s'entendre avec Hitler qu'avec les vieux conservateurs prussiens qui lorgnent sur le corridor de Dantzig ; Hitler est plus à même de retenir les extrémistes allemands ; et enfin Hitler au pouvoir implique la rupture de l'alliance russo-allemande de Weimar. (Pilsudski mourra en 1935 avant de s'apercevoir de son erreur).
  Hitler parvient donc à un accord politique avec la Pologne et protège ainsi son arrière.
  - L'Italie voit d'un mauvais œil les revendications sur l'Autriche et le Tyrol du Sud (italien mais germanophone).
  - La France, plus que méfiante, cherche à isoler l'Allemagne de tous ses voisins, encore plus qu'avant.
  - L'Espagne, où couve la guerre, a d'autre chats à fouetter.
  - Le Portugal (dictature de Salazar) salue l'arrivée de Hitler.
  - La Hongrie, autre pays sérieusement amputé par le traité de Versailles, et révisioniste, se lie très vite à Hitler. But commun un jour : la destruction de la Tchécoslovaquie.
  - La Bulgarie, autre perdant de la première partie, et révisioniste aussi, est sous influence italienne.
  - La Roumanie, liée à la France, se rapproche cependant un peu du Reich, pour des raisons économiques et pour y éviter un soutien allemand aux demandes hongroises de récupérer les Carpathes (peuplées en partie de Hongrois).
  - La Yougoslavie, bien qu'alliée à la France, cherche à contrebalancer l'influence italienne dans le bassin du Danube, donc se rapproche d'Hitler.
  - Tous ces pays voient d'un bon oeil l'opposition allemande à une restauration des Habsbourg.
  - Par contre, la Turquie, qui n'est plus révisioniste après quelques conquêtes en 1923, reste liée à la Grande-Bretagne. La Turquie jouera toujours le balancier entre l'Allemagne qui la drage, l'URSS qui la menace, et l'allié anglais.
  - Les relations avec le Japon (qui a conquis la Mandchourie et impresionne Hitler) deviennent sérieuses. Les Japonais deviennent des "Aryens d'honneur" !
 
  - Avec la Russie les relations deviennent fraîches : anticommunisme, théorie de l'"Espace vital" contrebalancent mal la lutte commune contre le "Grand Capital" (qu'Hitler cependant satisfera tout en le manipulant). Les missions militaires et techniques allemandes quittent l'URSS (malgré l'opposition de l'Etat-major allemand, pas encore nazifié).
 Staline hésite encore entre un rapprochement avec la France et tenter de maintenir la coopération avec l'Allemagne.
 
 - Hitler propose des traités de non-agression avec tous ses voisins.
 - Le seul pays qu'Hitler commence assez ouvertement à agresser est l'Autriche, où le régime autoritaire de Dolfuss cherche à louvoyer entre Italie (opposée à l'Anschluss) et Allemagne, et où les nazis font régner la terreur.
 
 - Fin 1933, Hitler a réussi :
  - à maintenir son régime chez lui
  - à éviter la guerre avec la Pologne
  - à briser l'unité de ses opposants,
  - à garder de bonnes relations avec l'Angleterre et à poursuivre l'isolement de la France.
 
 Suite au prochain épisode...
 



[DIPLOMACY] [EOG] Le IIIè Reich et le Monde (fiche de lecture) - partie 2
De : Christophe
À : diplomacy@frog.born2play.org
Date : Sun, 8 Dec 2002 19:53:29 +0100

 Suite de mon résumé du livre de Charles Bloch que j'ai posté ici le 1er décembre.
 
 Nous avions laissé fin 1933 un Hitler consolidé dans son pays, dans une Europe pleine d'alliances foireuses et de méfiance. Rappelons son idée fixe autour de quoi tout tournait : la conquête de la Russie dans une Europe sous domination allemande.
 
 - Entre 1933 et 1936 :

 
 - En 1934, Hitler montre que son pouvoir est stable en liquidant (physiquement) l'aile gauche de son parti (les SA) et d'autres rivaux (notamment dans la Wehrmacht) lors de la Nuit des Longs Couteaux. Réprobation internationale mais sans effet sérieux.
 
 Globalement Hitler en reste à une politique extérieure apparemment pacifique, pendant qu'il réarme à vitesse accélérée après 1934 et réorganise l'armée. Le retrait de la SDN, l'inaction des autres pays après ses premiers succès (retrait de la SDN, putsch raté en Autriche, Sarre), l'encouragent dans ce sens : reconstitution d'une aviation, conscription... au mépris du traité de Versailles, et ouvertement. Il cherche à faciliter l'autarcie de l'Allemagne, et à satelliser économiquement nombre de pays des Balkans, avec un certains succès.
 
 - La France cherche toujours à isoler et contenir l'Allemagne. Cela la pousse à se rapprocher de l'URSS (autre isolée), et donc à faire peur à ses amis traditionnels, dont les Anglais et des pays d'Europe de l'Est, notamment la Pologne. Et vice-versa, la tolérance de ces pays à l'Allemagne nazie poussant la France à chercher des alliés plus sûrs.
 
 Le réarmement au début n'est pas à l'ordre du jour en France, la gauche poussant au désarmement (mais y compris allemand, ce qu'Hitler ne risquait pas d'accepter). La France est toujours à la traîne de la politique anglaise ; quand elle veut hausser la voix envers l'Allemagne, elle fâche Londres.
 
 Superbe exemple de la superpuissance qui n'utilise pas sa force et attend que les Anglais (et donc lesAméricains) voient leur erreur pour agir en commun. Le fait que le joueur français soit instable n'arrange bien sûr rien du tout. Par exemple, un des ministres français fut Laval (futur 1er ministre de Pétain, exécuté à la Libération), qui laisse passer le redémarrage de la reconstitution de la Wehrmacht.
 Instabilité qui ne gêne aucunement Hitler, bien au contraire.
 
 1935

 
 1935 voit le retour de la Sarre à l'Allemagne : zone sous administration de la SDN et de la France, le référendum est un véritable succès pour Hitler. Laval ne réagit pas quand le Reich y établit son régime de terreur.
 
 - L'Angleterre finalement ne change pas de diplomatie et continue à favoriser l'Allemagne pour contrebalancer la puissance française. Notamment celui qui sera le roi Edouard VIII [un brin facho, qui abdiquera rapidement pour épouser une divorcée américaine ; encore une histoire de fesse qui a peut-être changé la face du monde].
 Rappelons que pour Hitler, l'Angleterre est au départ LE pays (germanique, puissant, anticommuniste, complémentaire du Reich) qu'il fallait se mettre dans la poche.
 
 Un des plus gros succès d'Hitler est l'accord naval avec Londres en 1935 : le Reich s'engage à ne pas reconstituer sa flotte au-delà d'une certaine proportion de la flotte britannique, mais l'Angleterre ne s'oppose pas à cette reconstitution. Cela fait voler en éclat plusieurs accords et traités, et ce fut pour Hitler un des plus beaux jours de sa vie.
 
 Cependant ce recul anglais fait baisser l'Angleterre dans l'idée d'Hitler ("enjuivés" et décadents, ils étaient des alliés moins intéressants) et il préférera plus user de l'intimidation envers eux par la suite ; ensuite il comprend que les Anglais toléréraient une Allemagne puissante mais jamais hégémonique. Il devient donc de plus en plus dur envers les Anglais (en refusant notamment un pacte similaire sur l'aviation) alors que ceux-ci continuent à le ménager (mais le revirement anglais sera lent et attendra le changement de joueur (Churchill))
 
 Cela entraîne aussi que lors de la crise d'Ethiopie (1935-36), il se décida à soutenir l'Italie contre l'Ethiopie et l'Angleterre, et non le contraire.
 
 - L'Autriche reste un temps dans l'orbite italienne. En 1934, le chancelier Dolfuss 'liquide' les sociaux-démocrates et instaure un régime autoritaire sous influence italienne. Mais les nazis locaux, téléguidés par Hitler, l'assassinent peu après. Le reste de l'Europe est indignée mais ne fait rien.
 Changement de joueur en Autriche : Un monarchiste avec soutien italien prend le pouvoir.
 
 - Italie : Les deux pays sont de même régime mais s'opposent au départ, principalement sur l'Autriche.
 Cependant Hitler finit par juger que Mussolini est un allié bien plus fiable que l'Angleterre. De son côté, Mussolini est impressioné par les succès allemands (Rhénanie) et a besoin de son soutien à cause de l'Ethiopie.
 Ils coopèrent alors étroitement pour affaiblir la France et favoriser le réarmement allemand. Il reste des points de friction accessoires (les deux veulent étendre leur influence dans les Balkans), et surtout encore l'Autriche.
 Mais Mussolini finira par faire son deuil de l'Autriche et accepte qu'elle passe dans l'orbite de l'Allemagne.
 En fait, le déclin relatif de l'Italie par rapport à l'Allemagne est économique : la botte n'a pas les moyens d'aider réellement ses alliés. Le Reich était pour ces derniers un allié et protecteur bien plus efficace.
 
 - La Pologne joue franchement la carte allemande pour les raisons énoncée la fois dernière. Hitler lui fait notamment miroiter une possible attaque commune (All, Jap, Pol) contre la Russie.
 
 - Les USA de Roosevelt restent isolationistes, mais voient l'Europe de la même manière que les Britanniques. L'antisémitisme nazi y est très mal accepté, de même que les ambitions nazies en Amérique du Sud et le protectionisme économique allemand (les USA ont permis à l'Allemagne de se redresser après la guerre et y ont de gros intérêts).
 Même si Hitler veut ménager au maximum les puissants USA, la tension montera sans cesse jusque 1941.
 
 - La Tchécoslovaquie, dont la minorité allemande des Sudètes est téléguidée par Hitler, est la seule alliée ferme de la France dans la région, mais ne peut rien faire seule.
 
 - En Russie, Staline a choisi son camp : contre Hitler, par peur du rapprochement germano-polonais, par conscience de la stabilité du pouvoir nazi, par disparition des anciens soutiens pro-russe dans la Wehrmacht (lors de la Nuit des Longs Couteaux, entre autres).
 
 - La Belgique, poussée par les Flamands pro-allemands, est intimidée par le Reich bien qu'elle refuse de lui restituer Eupen-Malmédy et des colonies africaines. Cette intimidation la pousse à lâcher son alliance avec la France et à se reposer sur le vieux pacte de Locarno (sécurité collective), pourtant en train de prendre l'eau de toute part.
 
 - Hollande et Scandinavie suivent la Belgique dans la voie de la neutralité. Puisque les grandes démocratie se dérobent, pourquoi risquer de se prendre des coups si les choses tournent mal ? (Ils s'en mordront les doigts comme les autres).
 
 - En Amérique, du Nord et du Sud, en Europe centrale, et dans bien d'autres pays, Hitler tente de noyauter les minorités germanophones pour qu'elles pèsent sur la politique de leur pays au profit du Reich. Nombre de régimes, même limite fascistes, acceptent mal ces partis nazis locaux et les interdisent. Globalement, cette politique sera un échec hors près du Reich (Autriche, Sudètes).
 
 1936, la guerre d'Ethiopie, la remilitarisation de la Rhénanie :

 
 Le traité de Versailles interdisait à l'Allemagne d'avoir des troupes à l'ouest du Rhin. Hitler désire briser cette contrainte, mais son armée était encore fragile. Il lui faut éviter que ses voisins prennent cela pour une agression et déclenchent une guerre préventive.
 La France est en partie paralysée (campagne des élections qui menèrent au Front Populaire). C'est une des plus grandes occasions manquées pour la France. [Pourtant, quand les Allemands envoient une unité en Ruhr, la France a intérêt à faire Bur-Mun. Mais non.]
 Les Anglais sont encore plus lâches. Ils sont pourtant garants de l'indépendance de la Belgique, qui peut se juger ainsi menacée. C'est aussi le moment de l'arrivée sur le trône du germanophile Edouard VIII.
 
 La chose accomplie, les réactions sont assez furieuses de la part de nombres de pays, mais la résignation de la France et de l'Angleterre coupent court à toute sanction. Pourtant ils auraient eu des alliés dans une riposte militaire. Encore une occasion perdue, même si E et F auront d'autres occasions plus tard de stopper Hitler.
 Quant à Hitler, cela lui donne l'occasion d'une nouvelle victoire électorale (même truquée et sous matraquage de la propagande). La population est _réellement_ derrière lui, sans voir que la chute du chômage était due à une remilitarisation massive qui ne présageait rien de bon.
 
 Au même moment, l'Italie tente laborieusement d'envahir l'Ethiopie (rare pays africain indépendant) depuis ses colonies somaliennes. Ce qui lui vaut des sanctions de la SDN, sans guère de résultat concret.
Il faut que l'Italie emploie les gaz pour parvenir à abattre l'Ethiopie.
 
 (Rappelons que l'Italie est le seul pays de taille significative de la Seconde Guerre Mondiale à ne pas avoir gagné une seule bataille. Comme quoi Hitler avait raison de ne pas se faire d'illusion sur sa valeur militaire. On verra que ce sera même une des raisons de la perte de la guerre, mais ce ce sera pour un prochain épisode.)
 



[DIPLOMACY] [EOG] Le IIIè Reich et le Monde (fiche de lecture) - partie 3
De : Christophe
À : Diplomates en folie <diplomacy@frog.born2play.org>
Date : Sun, 16 Mar 2003 18:27:27 +0100
 
 Et oui, tout arrive, voici la suite des EOG de la Seconde Guerre Mondiale, résumé du livre de Charles Bloch. Je renvoie les lecteurs à leurs archives des 1er et 8 décembre derniers pour les tomes 1 et 2.
 
 Nous avions laissé notre non-héros Adolf Hitler en pleine gloire juste après la remilitarisation de la Rhénanie (1936), entre une Pologne pas hostile, une URSS isolée, une Angletterre pas amie mais qui cherche un contrepoids à la France, une France [très calinours en fait] qui veut parfois hausser le ton mais se coupe plus de ses amis ainsi, et une Italie qui passe lentement et sûrement dans l'orbite allemande.
 
 1936 toujours :

 
 - L'Allemagne construit la ligne Siegfried, pendant de la ligne Maginot. La France devient donc moins un danger... [J'ignore quelle était l'efficacité de cette ligne... Aurait-elle tenu si en 39 nous avions attaqué les premiers ?]
 
 - La Pologne devient de plus en plus amicale (offensive commune vaguement envisagée contre l'URSS). De même l'influence allemande augmente encore dans les Balkans, notamment en Yougoslavie et même en Tchécoslovaquie, à cause de la faiblesse française, de son rapprochement avec l'URSS et des initiatives allemandes.
 
 - Les Jeux Olympiques sont un succès d'Hitler : nombre d'organisations avaient réclamé son déplacement dans un autre pays, et ils montrèrent que l'Allemagne nazie était acceptée par les autres nations.
 
 - Enfin 1936 marque un tournant : Hitler passe d'une phase défensive, où il craint l'intervention extérieure, à une politique extérieure plus agressive. Le réarmement allemand n'étant qu'à ses débuts, Hitler cherche toujours la neutralité bienveillante de l'Angleterre et la passivité française (à présent certaine...), et les revendications allemandes se font apparemment 'raisonnables' (colonies).
 
 - Les premiers effets sont visibles en Autriche : Mussolini lâche ce pays, qui passe définitivement dans l'orbite allemande.
 
 - L'Espagne marque un autre pas : négligé par les Allemands jusque là, le pays entre en guerre civile. Le Reich apporte son aide à Franco et se pose en champion de l'antibolchevisme (alors que le danger est alors réduit, les Brigades internationales ne sont formées d'ailleurs que plus tard). Les forces conservatrices poussent l'Angleterre à favoriser Franco, et Blum n'ose pas affronter le Reich seul sur la question.
 On sait que l'Espagne sera pour la Wehrmacht un excellent terrain d'essai de ses armes et tactiques.
 
 - Indirectement, l'aide apportée à l'Espagne par l'Italie va l'épuiser économiquement et encore la rendre plus dépendante du Reich. De son côté, Hitler enterre l'idée de l'alliance anglaise (en partie après l'abdication d'Edouard VIII sous la pression de son peuple). Les deux pays finissent plus tard par former l'Axe. Hitler a ainsi un allié très officiel.
 
 - Le Pacte Anti-Kominterm est également signé fin 1936 : Japonais et Allemands se retrouvent dans leurs volontés d'expansion.
 
 1937 est une année où peu de choses changent :

 
 - Poursuite d'un réarmement massif (exemple : augmentatio n du budget militaire (secret) +54% en 1934, et il double quasiment en 1935 et 1936 !) et glissement vers une économie dirigée. Selon les nazis, l'autarcie devait à terme être réalisée, mais dans le cadre du Grossraum (Allemagne+environs).
 
 - La Cinquième colonne (activisme des amis des nazis et Allemands dans nombre de pays) devient de plus en plus active.
 
 - L'Angleterre continue d'avoir des relations correctes avec le Reich, alors que le nouveau roi Georges VI est couronné. Hitler veut toujours la ménager pour espérer sa neutralité, voire son alliance, mais sans qu'elle perde son influence 'paralysante' sur Paris. Cependant, l'Angletterre, après la Rhénanie, ne considère plus la France comme la puissance n°1 du continent à contrebalancer.
 
 - La Pologne restait amicale mais le Reich ne comptait pas dessus.
 
 - En Palestine les Anglais parlaient de créer un Etat juif. Les Allemands voient cela d'un mauvais œil car il ne pourrait pas accueillir tous les Juifs (les nazis avaient laissé partir nombre d'entre eux, la solution finale n'ayant pas encore été décidée), tout en leur fournissant une base arrière.
 En partie à cause de ce problème, le Reich commence à a voir des relations avec des pays arabes, surtout sur l'initiative de ces derniers, mais les Allemands ne donnent pas trop suite pour ne pas indisposer Londres ; l'Italie était d'ailleurs plus active dans cette région.
 Les liens avec la Perse se développèrent (le shah désirait éviter de tomber complètement sous la tutelle anglo-russe).
 
 - L'Italie adhère au pacte anti-Kominterm.
 
 Suite au prochain épisode...
 


 


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